Comment j’ai construit mon second cerveau en quelques semaines avec la méthode Zettelkasten

Temps de lecture : 6 minutes
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Des boîtes à chaussures remplies de fiches A5 ont permis à un sociologue allemand d’écrire 70 livres et de publier 400 articles scientifiques en à peine 30 ans.

Nicklas Luhmann fut un des auteurs les plus prolifiques du siècle dernier. Il est l’inventeur d’une méthode de prise de notes baptisée Zettelkasten (boite à chaussure en allemand) qui selon lui, fut la clé de sa production hors norme.

J’ai découvert l’histoire et la méthodologie de ce sociologue en lisant le livre How to take smart notes de Sonke Ahrens, qui décortique cet art de la prise de notes.

Avant de vous expliquer le fonctionnement de la méthode (modernisée), laissez-moi vous raconter mon expérience personnelle avec ce concept de second cerveau.

La quête du second cerveau

Je suis quelqu’un qui consomme et crée beaucoup de contenus depuis des années.

Ces deux activités génèrent certaines frustrations dont :

  • L’impression d’oublier la majorité de ce que je consomme/lis
  • Prendre quelques notes éparses que je n’utilise que trop rarement
  • Travailler en silo et projets et ne pas créer beaucoup de ponts entre mes notes, idées, contenus
  • Des difficultés à déconstruire un article ou un livre pour développer mes propres idées sans avoir l’impression de “copier/coller” des grands blocs de connaissances.
  • Ne pas réussir à réutiliser correctement un contenu passé pour en produire d’autres

En mars 2020, je découvre ce concept du second cerveau via Tiago Forte et sa formation Building a second brain. Il y développe une méthode pour collecter, structurer et réutiliser : nos idées, lectures et connaissances.

Je deviens alors familier avec des termes comme le PKM (pour Personal Knowledge Management) ou encore PARA, la méthodologie d’organisation conseillée par Tiago Forte.

 

À cette époque, je tente de construire mon “second cerveau” sur Notion qui était alors l’outil conseillé pour externaliser ses idées et gérer toute sa vie pro et perso au même endroit.

Le problème, c’est que je suis un piètre architecte digital et que je me suis rapidement retrouvé à passer plus de temps à maintenir mon système qu’à l’utiliser réellement.

C’est alors que j’ai découvert Roam Research puis suivi la formation de Nat Eliason qui a fait connaître ce logiciel en 2020.

Roam Research contrairement à Notion (ou Evernote, Apple Notes etc) ne fonctionne non pas par dossiers et catégorisations mais avec un système de liens bidirectionnels et de vues graphiques permettant de connecter des notes entre elles – grâce aux liens —  et de reproduire virtuellement le fonctionnement de notre cerveau et ses réseaux neuronaux avec une vue graphique. 

Très excitant sur le papier mais dans la réalité je ne suis pas parvenu à mettre en place un système me permettant de profiter de la puissance de l’outil.

Il me manquait une fondation solide et des principes.

Frustré, j’abandonne l’outil et retourne sur Notion pour me contenter d’une utilisation “classique” : gestions de projets, quelques notes, des todolists etc.

 

Ma découverte de la méthode Zettelkasten

Début 2021, je tombe sur une vidéo du youtubeur Ali Abdaal, dans laquelle il évoque ce système Zettelkasten sans rentrer dans les détails. Il indique seulement en avoir entendu parler dans le livre de Sonke Ahrens : How to take smart notes.

Ni une ni deux, j’achète le livre sur Kindle et me mets à le lire. Celui-ci décrit donc la méthode Zettelkasten inventée par Niklas Luhmann.

La croyance du sociologue était que les gens qui réussissent n‘y parviennent pas grâce à une volonté sans faille ou à une capacité à surpasser la résistance mais en développant un environnement intelligent qui rend le travail fluide/facile.

Pour développer ses réflexions, idées et écrits il chercha donc à mettre au point un système simple pour prendre des notes, les connecter entre elles puis pouvoir facilement les réutiliser si nécessaire.

 

Comment fonctionne la méthode Zettelkasten ?

Elle s’articule autour de deux types de notes :

  1. Les notes littéraires : Ce sont toutes les notes que l’on va prendre de manière linéaire et littéraire quand on consomme du contenu : livres, articles, vidéos, formations etc.
  2. Les notes permanentes : L’objectif est d’extraire de nos notes littéraires des concepts expliqués simplement. Une note comprend un titre, le concept expliqué en quelques phrases, la source/référence et des liens/connexions avec d’autres notes du système.

Cette méthode permet de déconstruire des contenus en une multitude de petits blocs de concepts/idées atomiques que nous pourrons réutiliser et combiner pour développer nos idées et produire nos propres contenus.

 

Zettelkasten à l’ère du numérique

Après avoir compris les fondamentaux, les principes et la philosophie de Zettelkasten grâce à ma lecture. C’était l’heure de mettre tout cela en pratique.

Après un week-end passé à voir toutes les vidéos disponibles sur le sujet (pas de jugement !) sur Youtube allant des gourous de la productivité à des universitaires utilisant cette méthode pour écrire leur doctorat ou travaux de recherches.

Je finis par tomber sur un jeune Youtubeur français, Eliott Meunier, qui a parfaitement compris la méthode et su l’adapter techniquement à nos outils actuels (ce que je peinais à faire moi-même).

Il a modernisé Zettelkasten tout en conservant son essence et en l’insérant dans un processus allant de la sélection de nos sources d’information et de connaissances à la création de nos propres contenus.

Cette méthode qu’il appelle Atomic Thinking est composée de 5 phases :

  1. La sélection : Choix des livres, blogs, vidéos, podcasts que l’on va consommer.
  2. La capture : Prendre des bonnes notes, trier, capturer ses pensées et en faire des notes littéraires.
  3. La digestion : Transformer nos notes littéraires et nos idées brutes en concepts uniques via les notes permanentes. L’idée étant de déconstruire ses contenus consommés en plein de petites briques portables, réutilisables et connectables avec d’autres briques pour créer des pensées originales.
  4. Émergence : Assembler et densément connecter les notes permanentes notamment grâce aux liens bidirectionnels afin de faire émerger de nouvelles connexions.
  5. Création : Utiliser son système pour faire émerger des idées de contenus de manière “bottom-up” plutôt que notre approche classique “top-down”.

 

Mon avis sur la méthode Zettelkasten et le système Atomic Thinking

Cette méthode et ses principes peuvent faire passer à un tout autre niveau intellectuel toute personne travaillant dans le domaine des idées et de la connaissance : écrivain, chercheur, intellectuel, entrepreneur, doctorant, étudiant, penseur etc.

Les avantages de cette méthode :

  • Rentabiliser le temps que vous passez à lire et consommer du contenu en apprenant à extraire les concepts les plus intéressants
  • Vous obligez à reformuler ces concepts avec vos propres mots et à connecter vos idées/notes entre elles
  • Améliorer la profondeur de votre pensée et votre mémoire en remontant les connexions créées dans votre second cerveau
  • Créer du contenu “sans effort” en partant d’une matière première de bonne qualité : les notes permanentes
  • Créer du contenu plus original en connectant avec justesse des idées semblant être éloignés
  • Bénéficier des effets composés en accumulant sur plusieurs mois/années des milliers de notes (Luhman termina sa vie avec plus de 90 000 notes).
  • Un système robuste — une fois bien configurée —  qui permet de se concentrer sur le travail à forte valeur ajoutée à savoir : prendre de bonnes notes, penser, connecter des idées/concepts et créer du contenu.
  • Une dépendance limitée envers un outil grâce au format markdown (utilisé notamment par Obsidian) qui permet d’exporter et d’importer facilement ses notes d’un outil à l’autre.

 

Les inconvénients :

  • Demande un certain effort et travail personnel pour bien comprendre les principes du système Zettelkasten
  • La prise en main de l’outil Obsidian n’est pas évidente
  • Prendre des notes pendant ses lectures n’est pas toujours agréable et prend du temps (mais n’est ce pas mieux que de perdre son temps à ne rien retenir et réutiliser ?)

Conclusion

J’ai passé presque un mois complet à m’immerger intellectuellement et techniquement dans cet univers de la gestion de la connaissance.

Il me fallait investir ce temps pour découvrir ce qui me correspondait en termes de méthode puis d’outil à travers mes recherches, lectures et expérimentations.

Je dois beaucoup à la formation d’Eliott Meunier qui m’a permis de bien comprendre les fondamentaux du système de Luhman, de pouvoir les appliquer concrètement en utilisant les bons outils puis en comprenant comment les configurer pour reproduire numériquement le fonctionnement de notre cerveau.

Maintenant que mon second cerveau est opérationnel depuis quelques semaines, j’ai une nouvelle habitude qui est de créer 5 notes permanentes par jour dans mon second cerveau à partir de mes nombreuses notes littéraires (surlignages Kindle, notes d’articles, idées personnelles etc).

C’est très stimulant de naviguer dans la vue graphique et de voir comment je peux connecter les notes entre elles afin de densifier les connexions de mon cerveau virtuel et par la même occasion mon cerveau réel.

D’ici quelques semaines, mon objectif est de pouvoir écrire tous mes contenus en partant « du bas », autrement dit, en partant des notes et connexions de mon second cerveau.

Prêt à construire votre second cerveau ?

PS : Pour en savoir plus sur la formation que j’ai suivi, je vous invite à consulter cette page qui la présente en détail.

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