Le rapport à l’échec

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Il y a bientôt deux ans, jour pour jour, j’écrivais cet article dans lequel j’annonçais publiquement – ce que je pensais être alors – la fin de mon entreprise Fetch, que j’avais créé et développé pendant près de quatre années.

Le hasard fait que j’écris ces lignes exactement dans la même pièce que deux ans plus tôt.

Je me souviens à l’époque que mon intention avec ce témoignage était d’expliquer au plus grand nombre (clients, partenaires, amis, familles, investisseurs, entrepreneurs etc) ce qui nous avait conduit dans cette situation très difficile tout en souhaitant montrer que nous n’avions pas “fait n’importe quoi” pendant les années et – surtout – les mois précédant ce dénouement.

Fetch était une entreprise (très) connue et suivie localement (en Lorraine) de par son activité (livraison de repas de restaurants avec des livreurs assurant une visibilité quotidienne) mais aussi par son histoire (startup avec une forte croissance dans une région peu habituée à ce type de croissance et de trajectoire).

Pour preuve, le lendemain de la publication de cet article, nous faisions – malgré nous – la Une du journal le plus important de la région : L’Est Républicain et j’étais assailli par les journalistes télé et radio de toutes les villes où nous opérions, soit 7 en France.

Du jour au lendemain, avec la publication de mon article et la reprise plus ou moins déformé de mes propos par les médias, je passais d’entrepreneur à succès à entrepreneur ayant échoué au yeux du grand public.

(Il se trouve que juste après la publication mon article, je me suis battu pendant 10 jours pour trouver une porte de sortie à l’entreprise. Puis pendant deux mois supplémentaire pour assurer la reprise/transition. Je l’explique dans cet autre article.)

Cela avait (et a peut être encore) pour effet de me questionner sur la notion d’échec que ce soit dans mon cas personnel ou de manière général.

Est-ce que Fetch est un échec ? Est-ce que j’ai échoué en tant qu’entrepreneur pendant cette période ? Suis-je un bon entrepreneur ? Quelle est ma légitimité ?

La réponse se veut binaire dans les médias et dans la sphère publique. La réponse à cette question avait alors été : “Oui, c’est un échec”.

En privé et de mon côté, l’analyse se veut bien plus nuancée.

Mon analyse personnel de cet “échec”

Personnellement et égoïstement, je considère mon expérience avec Fetch comme un échec financier mais comme une réussite sur le plan global.

Je ne me suis pas payé pendant les deux premières années, j’ai ensuite pris un salaire minimum de 1300€ net par mois pendant le reste de l’aventure (ce que je considère aujourd’hui comme une erreur – je conseil aux fondateurs de se payer décemment à partir du moment où ils le peuvent) et nous avons loupé de très peu un deal intéressant financièrement, pour les actionnaires, mes associés et moi-même, quelques semaines avant l’écriture du fameux article.

J’ai fini l’aventure avec à peine plus d’argent sur mon compte bancaire qu’à ses débuts.

Sur les autres aspects (compétences, développement pro et perso, réseau, valeur réelle et perçue etc) Fetch est la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma vie – en dépit du résultat final.

J’ai créé ma propre école du business et de la vie avec cette entreprise. J’ai du apprendre l’ensemble de ce que j’ai eu à faire de 2015 à 2018 le faisant pour la première fois.

Je n’ai pas forcément envie de rentrer dans le détail ici parce que 1) ce serait très très long 2) c’est très difficile de retranscrire ce genre d’expérience hors du commun par écrit 3) de ce fait, tous les témoignages de ce style se ressemble.

Ce que je peux dire, c’est que j’ai considéré et je considère toujours mon expérience avec Fetch comme un succès malgré l’échec financier.

J’ai l’impression d’avoir vécu un boost d’expériences de vie pro et perso, comme si j’avais vécu 12-15 années et à peine 4.

Cela m’a permis indirectement de construire un style de vie qui me convient parfaitement depuis mon arrivée sur Paris et j’ai la chance de pouvoir utiliser toutes les compétences que j’ai appris (hard et soft skills) dans ma vie quotidienne, professionnelle et également en faire bénéficier aux entrepreneurs, amis et connaissances avec qui j’échange.

L’échec dans la société

Ce que je déplore dans notre société, c’est l’aspect binaire du jugement de ce qui est une réussite ou un échec. Le juge de paix ? Le critère unique ? Ultime ? Le résultat final.

Je comprends bien les raisons de ce raccourci. Il est plus simple, plus rapide de procéder ainsi.

Le souci avec ce procédé c’est qu’il entrave, annihile ou limite la prise d’initiative chez les individus. Il fait le jeu et l’affaire du statut quo.

Pour reprendre mon cas personnel, comme j’ai dit plus haut, je ne ressens pas mon expérience avec Fetch comme un échec, au contraire.

Cependant, ce sont parfois les autres qui me le font ressentir ainsi. Par autres, j’entends : certaines personnes non familières avec le monde de l’entrepreneuriat et du business, quelques connaissances, mes “haters” (coucou) et autres personnes mal intentionnées.

Ces personnes (au final pas si nombreuses et que je ne côtoie pas ou très peu) ont tendance à questionner ma légitimité en tant qu’entrepreneur, en tant que conseiller de startups, en tant que créateur de contenu via cette newsletter, mes podcasts etc.

Si les circonstances – hors de notre contrôle – avaient été favorables et que nous avions conclu notre première opportunité de rachat puis annoncer “Fetch s’est fait racheter X millions”, l’opinion publique aurait été différente.

Ma conclusion sur l’échec

Cela démontre une énième fois qu’il ne faut pas rattacher son bonheur, son estime de soi à un résultat mais à un processus.

Le résultat final dépend de beaucoup trop de paramètres extérieurs hors de notre contrôle.

Il faut se focaliser sur ce que nous pouvons maîtriser : le chemin, le processus, nos actions et nos réactions.

Cette leçon des philosophes stoïciens m’avait beaucoup aidé à prendre du recul dans les moments difficiles que j’ai pu vivre en 2018.

Je ne peux qu’encourager les entrepreneurs et aspirants entrepreneurs à tenter ou retenter leur chance.

D’ailleurs par entrepreneurs, j’entends : toute personne qui souhaite lancer un projet, que celui ci soit entrepreneurial, artistique, littéraire, social, associatif etc.

Soyez le propre juge de vos succès et de vos échecs et n’oubliez jamais cette célèbre citation de Nelson Mandela “Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends”.

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