Ne fais pas la même erreur que ce tennisman
Septembre 2020, le joueur de tennis autrichien Dominic Thiem, s’écroule sur le sol.
Il vient de remporter l’US Open (un des 4 grands tournois au tennis) après plus de 4h de match dans un stade vide (période covid…).
Il a 27 ans et ce titre récompense des années de travail hors norme.
Après plusieurs défaites en finale de Grand Chelem, il est un des rares à contester l’hégémonie de Nadal, Djokovic et de Federer.
Et un des rares à avoir vraiment rivalisé (voire dominé ces anomalies extraterrestres du sport).
Ce grand titre devrait être le début de sa “domination”.
Le premier d’une longue liste à venir.
En réalité, ce fut tout l’inverse.
Ce tournoi est le dernier que Dominic Thiem remporta dans sa carrière.
4 ans plus tard, il vient d’annoncer sa retraite et disputer son dernier match sur le circuit à 31 ans à peine.
En effet, en 2021 il a ressenti une grosse décompression et un mélange de déprime, burn-out et dépression.
Puis il subit une blessure au poignet qui l’éloigna ensuite des terrains pendant près d’une année pleine.
Depuis 2022, il essaye de revenir mais la blessure à complètement couper son élan et impact sa capacité à retrouver son meilleur niveau.
Il a donc annoncé logiquement cette année sa retraite qu’il vient de prendre en octobre.
Je suis tombé sur cette citation qui m'a touché concernant sa victoire à l'US Open et son impact sur sa vie (et sa carrière).
Je pensais que gagner un grand chelem allait changer ma vie pour toujours. Ce ne fut pas le cas.
C’est terrible et cette citation cristallise la mentalité qui l’accompagnait pendant ces années de quête du graal.
C’était un des joueurs qui était connu pour :
- Avoir les entraînements en volume et intensité les plus dingues
- Jouer tournoi sur tournoi pendant toute l’année sans se préserver
Tout cela pour essayer de réaliser son rêve, remporter un grand chelem. Et être capable de rivaliser avec 3 (et même 4 avec Murray) géants quasiment intouchables du tennis moderne.
Et d’un côté, le pari fut réussi puisqu’entre 2018 et 2020, il avait un ratio de victoires positif face à ces légendes.
Il était à leur niveau sur le terrain. Il a produit des matchs exceptionnels (si vous aimez le tennis allez voir les highlights de certains de ces matchs, c’était vraiment dingue).
Et il a fini par remporter ce fameux grand chelem.
Mais quelle est son erreur alors ?
Je ne pense pas que ce soit le sacrifice physique et mental qu’il a consenti pour atteindre cet objectif.
Certains pourraient dire qu’il est allé trop loin. Que le sport n’en vaut pas la peine.
Je ne suis pas d’accord.
Il y a une forme de beauté à tout donner pour créer une œuvre qui nous dépasse.
La vie calme et mesurée n’est pas celle qui convient à chacun. C’est l’éternel débat entre la posture apollinienne et dionysiaque.
L’erreur de Thiem c’est d’avoir cru qu’il y avait une ligne d’arrivée et que son bonheur allait être associé et garanti éternellement à une victoire en grand chelem.
Ce qui donne toute autre grille de lecture à ses années précédentes.
L’énergie mise dans sa quête était celle d’un espoir naïf d’une vie meilleure “après”.
Et de ma petite observation extérieure (pour avoir beaucoup suivi le joueur qui était mon favori de cette génération) j’ai le sentiment que c’est la véritable raison de son déclin post-victoire à l’US open.
Le corps et l’esprit ont lâché quand ils ont compris avoir été “arnaqués” par la vie.
Non, tout ne va pas mieux après avoir atteint notre grand objectif.
Malheureusement Thiem en a payé le prix fort.
Merci à lui pour tout ce qu’il a accompli et merci à lui de partager de façon transparente ce triste constat.
Quant à nous, tirons la leçon et ne corrélons jamais notre bonheur, notre estime de nous-même ou nos espoirs divers dans la réalisation d’un objectif.
Pour te donner un exemple personnel, j’avais conscience de cela lorsque j’ai travaillé sur mon livre.
J’ai donc tout fait pour trouver du sens dans sa réalisation, dans le processus, dans l’amour des difficultés que j’ai rencontré et dépassé.
Je peux te dire que rien n’a changé dans ma vie ou mon niveau de bonheur une semaine après sa publication.
Par contre, j’étais devenu un être plus confiant en sa capacité à réaliser des choses difficiles (ou de réécrire d’autres livres).
Et Dominic Thiem devra utiliser tout ce qu’il a appris avec le tennis et cette quête du graal pour apprécier le chemin de son après-carrière.
Il doit maintenant trouver ce que David Brooks appelle “sa seconde montagne”.
Celle dont ne doit pas gravir le sommet mais plutôt celle ou l'on va poser sa tente et y rester pour ce qu’elle est plutôt que ce qu’elle pourrait nous apporter une fois gravie.
Lis ce livre si tu sens que tu es en train de gravir une montagne (comme Thiem l’a fait) et que tu crois qu'arriver à son sommet va tout résoudre dans ta vie.